Rues, avenues, boulevards, ponts, places, quais...
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Marcel Bouve, qu'on appelait le Capitaine, regardait le talus net des fortifications dont l'inclinaison allait, de droite à gauche, vers la porte du Pré-Saint-Gervais
les boqueteaux qui bordent la rue de Bagnolet dépassaient la ligne arrondie du talus et, déjà verdissants, ils élevaients, dans le cadre de la fenêtre, une masse dentelée de feuillages que le ciel par endroit, traversait de trouées limpides.
Des poteaux noirs - comme on en voit près des gares de marchandises - noirs et serrés, épais, découpés en dents de scie et de hauteur égale, enjambaient les "fortifs" pour délimiter la zone de terrains militaires. De secs acacias les bordant, rejoignaient les marronniers dont est planté le côté droit du boulevard Sérurier, jusqu'aux grilles de la porte des Lilas.
De secs acacias les bordant, rejoignaient les marronniers dont est planté le côté droit du boulevard Sérurier, jusqu'aux grilles de la porte des Lilas.
on la respectait à Belleville où, depuis trois années qu'elle vivait avec Bouve, on pouvait la citer en exemple aux femmes dont la conduite manquait d'exactitude.
Née quelque part, dans un garni des environs du quai de la Loire, d'une mère "qui connaissait Saint-Lago comme sa poche" elle avait grandi sans autre frein que celui de ses instincts et le hasard avait été sa providence.
Ils gravirent le boulevard Sérurier dans la direction de la rue de Belleville, et la nuit qui était partout ouvrait, entre les maisons de plâtre qui borde la chaussée, de grands carrés sombres.
Ils gravirent le boulevard Sérurier dans la direction de la rue de Belleville, et la nuit qui était partout ouvrait, entre les maisons de plâtre qui borde la chaussée, de grands carrés sombres.
Des ruelles se perdaient sous de vagues becs de gaz et l'air qu'on respirait était chargé de la fétide odeur des abattoirs de la Villette
Puis comme ils arrivaient devant les bars de la porte des Lilas le Capitaine les fouilla du regard
Ils s'installèrent à une petite table d'où l'on voyait la rue et, par-delà le terrain nu qui va jusqu'à la caserne des Tourelles, l'épaulement noir des fortifs. Des trams éléctriques passaient. Des femmes sortaient des fabriques de chaussure du quartier et de vagues ouvriers, des enfants qui portaient du pain, des filles et toutes sortes de gens mal vêtus animaient les trottoirs.
Du haut des fortifications, quelques matins plus tard, le Capitaine écoutait la "clique" des Tourelles sonner du clairon dans le fossé qu'il dominait.
car s'il prenait toujours plaisir à dégringoler de sa chambre pour retrouver en bourgeron et en petit équipement, les clairons des Tourelles dans le fossé, il mesurait par le souvenir combien les choses étaient changées.
Il s'éloigna des fortifs et se rendit au débit de tabac de la rue de Belleville, ou la Marie Bonheur, un peu avant midi, lui avait donné rendez-vous.
Dans les bars écartés des boulevards extérieurs et des rues en pente qui viennent y déboucher, il entrait et avait l'air d'attendre on ne savait qui.
Il trouvait que sa présence dans les débits étroits qui avoisinent, place du Danube, l'hôpital Hérold, prenait parfois au dépourvu certains individus qui, aussitôt échangeaient tout bas quelques mots entre eux et s'empressaient de disparaître.
On le rencontrait maintenant dans le dédale des petites rues mo,tantes et des impasses qui vont de la rue Manin à la rue des Lilas.
On le rencontrait maintenant dans le dédale des petites rues montantes et des impasses qui vont de la rue Manin à la rue des Lilas.
Bouve avait peine à de décider, mais l'heure du repas du soir arrivant, il reprenait par le boulevard Sérurier, ou quelques fois la rue des Bois, le chemin de son gîte.
Bouve avait peine à de décider, mais l'heure du repas du soir arrivant, il reprenait par le boulevard Sérurier, ou quelques fois la rue des Bois, le chemin de son gîte.
Toi, Flippe dit-il, comme il n'est pas huit heures, tu vas te barrer en douce chez Bourguignon, l'bistrot du passage des Carrières.
Laisse le venir et tu me retrouveras à la demie, rue Brunet, près du boulevard.
Tu prendras la rue d'Angers, contre l'hôpital, jusqu'à la place du Danube
Tu prendras la rue d'Angers, contre l'hôpital, jusqu'à la place du Danube
Tu remonteras avec lui la rue d'Angers. Aux fortifs, prends à gauche.
Moi je viendrai par la rue Brunet, le long des fortifs aussi.
Figure fit un signe d'assentiment, puis tous les deux suivirent le boulevard Sérurier.
Voilà la rue d'Angers, m'sieur Bouve !
Ben... que vous devez être, en remontant la rue, de ce côté-çi du Sérurier.
C'était une salle curieuse que celle ou Bourguignon donnait à boire à toute heure de la nuit aux gens qu'il connaissait... Une grande salle... Deux lampes à pétrole pendaient du plafond. Des banquettes, telles qu'on en trouve le dimanche au marché de la porte de Clignancourt, couraient le long des murs, et devant elles étaient placées les tables de bois, où tout ce que le XIXe arrondissement compte de mauvais garçons remuait, certains soirs de réjouissance, des cartes sur un journal qui tenait lieu de tapis, des dés, des dominos et de la monnaie blanche.
Flippe se tut, mais à son tour il quitta la salle, et aussi vite qu'il le put, sans toutefois marquer de précipitation, gagna la rue Brunet où Marcel Bouve l'attendait en grillant une cigarette.
Alors elle imaginait le boulevard extérieur, les rues désertes, leurs files de réverbères incertains, l'ombre, l'eau, le vent de la nuit
Ils vont place du Danube, chez Mignon le bistrot.
Pourquoi n'iriez vous pas place du Danube ?
et les panaches de vapeur blanche qu'expiraient les locomotives à petits souffles, voilaient parfois le ciel et les maisons voisines de la rue de Rome
Puis à l'âge de partir au Bataillon, Bouve, qui avait tout fait pour mériter de servir comme ses maîtres, s'était séparé d'eux pour gagner la caserne de Vincennes d'où on le dirigea, baïonnette au canon, avec les gars du départ, sur la gare de Lyon.
Puis à l'âge de partir au Bataillon, Bouve, qui avait tout fait pour mériter de servir comme ses maîtres, s'était séparé d'eux pour gagner la caserne de Vincennes d"où on le dirigea, baïonnette au canon, avec les gars du départ, sur la gare de Lyon.
et cela lui donnait la force de clamer parfois, le soir, après la soupe, des refrains qu'à Belleville José le Naufragé et les autres devaient écouter en se tenant lourdement la mâchoire dans la main.
La vieille ne s'était pas trompée. Le Capitaine le constata dehors, et il traversa la place du Danube.
Flippe, Figure, Mille-Pattes et la Marie-Bonheur, qui le suivaient, prirent avec lui la direction d'un bistrot de la rue Compans où ils avaient jadis l'habitude d'aller.
"La nuit que José a butté Le Bruleur au pont de Flandre, c'est ici qu'il a venu"
C'était la grande rue du Pré-Saint-Gervais. Le long des talus des fossés des fortifications, de petits espaces entourés de ficelles rafistolées découpaient des rectangles de grandeurs inégales, ou il ne poussait rien. La terre ingrate de ces jardins improvisés leur refusait jusqu'à la mauvaise herbe qui croît partout... Au-dessus du talus serpentait un chemin gris. Des barrières le bordait et derrièreces barrières, après des maisonnettes construites à l'aide de mille débris, après des buissons étranges, des carcasses d'ustensiles de toute provenance, des tas de vieilleries, des cheminées d'usine dégorgeaient sur le ciel leur fumée.
Ou bien ils allaient faire ensemble une promenade sur le boulevard Serurier.
Le boulevard Serurier qu'ils suivaient à petit pas, offrait à droite, par-dessus l'épaulement vert des fortifs, de fuyantes perspectives sur la campagne et, à gauche, un alignement irrégulier de masures décrépies.
A la porte de Chaumont et à celle de Pantin, quand Bouve et la Marie-Bonheur allaient jusque-là, les taxis hachaient l'air des coups pressés de leurs moteurs. De grandes charrettes passaient entre les grilles ou les fonctionnaires de l'octroi consultaient des tarifs.
A la porte de Chaumont et à celle de Pantin, quand Bouve et la Marie-Bonheur allaient jusque-là, les taxis hachaient l'air des coups pressés de leurs moteurs.
et cela lui donnait une humeur agressive, alors que dans tout Belleville il pouvait entre tous déclarer, en désignant le ciel, la rue et les faubourgs : "C'est à moi."
il y avait un bon mois qu'il ne faisait absolument rien, si ce n'est de se rendre le matin au-dessus du fossé que la clique des Tourelles emplissait de ses sonneries de clairon.
leur grande occupation consistait à lancer parfois contre un arbre, qui n'était pas en vue du boulevard Sérurier, leurs couteaux dans un cercle étroit.
Ils mangeaient rue Compans chaque soir
puis ils descendaient tous ensemble la rue de Belleville, prenaient un café n'importe où et se dirigeaient ensuite vers le bal de la rue Dénoyez, ou on leur servait de la bière en canette.
puis ils descendaient tous ensemble la rue de Belleville, prenaient un café n'importe où et se dirigeaient ensuite vers le bal de la rue Dénoyez, ou on leur servait de la bière en canette.
Le lendemain en écoutant les clairons des Tourelles, Bouve songeait : "Et si c'était l'affaire, la combine à Figure ?"
"C'est dans le quartier ! exposa posément Figure... Rue Botzaris."
La rue Botzaris s'inscrit au flanc du parc des Buttes-Chaumont, dans une longue courbe plantée de gazon pâle.
La rue Botzaris s'inscrit au flanc du parc des buttes Chaumont, dans une longue courbe plantée de gazon pâle.
Figure parla de la rencontre saugrenue qu'il avait faite, un soir, d'une femme de ménage dans le caboulot de la rue des Alouettes.
et ils trinquérent debout, avant de prendre le chemin du restaurant, rue Compans, où ils avaient leurs habitudes.
Il faisait beau. Figure accompagna Bouve par la rue des Bois et la rue de Crimée jusqu'au commencement de celle où Mlle Paulette Frivole habitait
Il faisait beau. Figure accompagna Bouve par la rue des Bois et la rue de Crimée jusqu'au commencement de celle où Mlle Paulette Frivole habitait
les fabriques répendaient sur les trottoirs une foule grise d'ouvriers et de femmes à qui le Capitaine, suivi du jeune garçon, se mélèrent en descendant la rue Botzaris.
Le soleil brulait l'asphalte qui, par endroits molissait sous le pied, et la place des Fêtes, que traversèrent Bouve et le jeune garçon, était à peu près déserte.
Le soir Bouve et sa femme allaient danser au bal de la rue Dénoyez.
puis Bouve retrouvait Figure sur les fortifs avant de gagner le restaurant de la rue Compans
Il eut un rire ignoble et, par le chaud matin qu'il avait choisi pour décider Bouve à l'aider dans son entreprise de la rue Botzaris, le jeune garçon tendit sous son crapuleux veston ses minces épaules, afin de donner plus de détermination à ses paroles.
Vous avez vu comment les troufions ont pris place d'Italie ?
Pourtant place d'Italie, c'est pas Belleville
Pourtant place d'Italie, c'est pas Belleville
Ils se levèrent alors de l'herbe où ils étaient assis et se dirigèrent vers la rue Botzaris, en traînant leurs espadrilles sur les trottoirs brûlant.
Ils étaient arrivés à la rue de Crimée.
Les feuillages, à demi roussis, des petits arbres de la place des Fêtes, ne dépassaient pas la hauteur des maisons
La vieille arriva à l'angle de la rue de Crimée et de la rue des Fêtes, qu'elle tourna.
La vieille arriva à l'angle de la rue de Crimée et de la rue des Fêtes, qu'elle tourna.
La rue des Fêtes était vide
Dans la rue de Crimée
Tout à l'heure, dans la rue de Crimée, je descendais avec un autre.
Qu'est-ce que vous faites, à midi, rue de Crimée
rue de Crimée ?
Elle désigna du bras la rue des Fêtes.
Il vit la maison de la rue des Fêtes. Au troisième se dit-il...
Il se voyait dans une chambre, au troisième étage de la rue des fêtes et un mélange bizarre de compassion et d'endurcissement lui partageait le coeur.
Le boulevard Serurier n'offrait pas beaucoup d'ombre.
Au restaurant ils rencontèrent Figure, Flippe et Mille-Pattes qui parlaient, en s'aidant par moment de l'entrefilet d'un journal, de la retraite militaire qui aurait lieu samedi à Belleville.
Le Capitaine reprit : "Nous on appelait à partir de l'avenue Secrétan, pis la rue Botzaris et tout le haut de Belleville, le plateau. Les vieux parlent encore du temps qu'il y avait des fours à chaux, par là. J'en ai vu. C'était à nous, y avait notre bande"
Nous on appelait à partir de l'avenue Secrétan, pis la rue Botzaris et tout le haut de Belleville, le plateau.
Nous on appelait à partir de l'avenue Secrétan, pis la rue Botzaris et tout le haut de Belleville, le plateau.
De là il voyait toute la rue Compans jusqu'au moment ou elle oblique à droite, après la rue de Belleville.
De là il voyait toute la rue Compans jusqu'au moment ou elle oblique à droite après la rue de Belleville.
il s'achemina sans quitter leur piste vers la place des Fêtes.
ils étaient arrivés presque au bout de la place des Fêtes
Ah mince le voilà qui prend la rue des Fêtes, constata Figure...
La rue des Fêtes ?
Elles lui faisaient simplement souvenir des romances populaires qui lui serraient le coeur d'une langueur triste quand il les fredonnait lui-même au bal de la rue Dénoyez.
Bouve savait qu'il reviendrait, à la tombée de la nuit, rue des Fêtes et tournerait encore.
La faute en était à la vieille qu'il avait rencontré en sortant du bal de la rue Dénoyez.
Enfin par qual hasard invraisemblable, remontait-elle la rue de Crimée le jour où il descendait avec Figure la même rue
les voitures qui sortaient de Paris ou y entraient par la porte du Pré-Saint-Gervais éclairaient la poussière de la route de l'éclat dur de leurs lanternes
Il se dépêcha d'arriver à la place des Fêtes, puis à la maison de la vieille
S'il devait encore trainer pendant longtemps, de la rue de Crimée à la rue Compans, il aurrait bientôt faim.
S'il devait encore trainer pendant longtemps, de la rue de Crimée à la rue Compans, il aurrait bientôt faim.
Il tourna l'angle de la rue de Crimée
Alors Bouve suivit, sans savoir au huste où il se dirigeait, la rue de Crimée et se mit à observer un à un les passants qu'il rencontrait
Devant lui, à droite la rue Botzaris descendait en épousant la courbe creusée au flanc des talus des Buttes-Chaumont.
Devant lui, à droite la rue Botzaris descendait en épousant la courbe creusée au flanc des talus des Buttes-Chaumont.
Bouve remonta donc la rue de Crimée
Il retrouva les gens assis sur la place des Fêtes qui discutaient des chances de la retraite du lendemain
On rentre par là le long du Sérurier. Tu ne rentres pas ?
Cependant en approchant de la rue des Bois ou se trouve l'hôtel qu'il habitait
Il continua donc son chemin et arriva près de la porte des Lilas
le contrôleur de l'octroi fumait, devant les grilles de la porte des Lilas, sa bouffarde qu'il avait patiemment culottée
A sept heures, des fourgons militaires sortirent de la carserne des Tourelles et descendirent le boulevard
la "clique" au pas cadencé passa le long des arbres qui bordent le talus, traversa la porte des Lilas, revint, mais de l'autre côté des fortifs, à hauteur de l'endroit ou se trouvait Bouve et se répandit dans le fossé.
Il se hissa donc lentement sur ces jambes, dégringola le talus et se rendit au bar de la rue de Bellevile, ou le patron Emile était une connaissance.
Et il continua des descendre la rue de Belleville
A deux heures de l'après-midi, sans qu'il sût comment, il de se trouva place des Fêtes et s'assit
De sa table il voyait, entre les rideaux dont les fenêtres étaient ornées avec un air étriqué de province, une partie de la rue des Fêtes et il regardait tantôt la rue et tantôt son journal.
"au bar du coin de la rue Botzaris" dit Figure
Ils se lévèrent et, comme la rue Compans était encomrée d'une foule heureuse de piétiner et de s'accumuler, ils prirent par des traverses leur chemin.
Mais il y avait partout beaucoup de monde, et tout le monde remontait les trottoirs avec la hâte de se masser autour de la place des fêtes, que des lampions désignaient de loin à la curiosité.
Cependant, il n'osait pas proposer à Bouve de descendre la rue Botzaris avec lui
Cependant, la musique attaquait une autre marche et s'engageait, avec une sorte de ronflement, dans le haut de la rue des Bois.
Il serra mollement la main du jeune voyou, puis, par des voies obscures et surveillées, gagna le terrain mal nivelé qui s'étend sur la gauche de la caserne des Tourelles.
La rue de Belleville s'ouvrait là dans son étroite profondeur; il y avait des drapeaux plantés en croix au-dessus du bar d'Emile.
Pourtant avant de de dépasser l'angle du boulevard Sérurier, il se retourna et vit, par-dessus la haie des curieux, les torches qui escortaient la musique militaire éparpiller sur le ciel rouge et noir des flammèches qui répandaient mille étincelles. La retraite s'achevait sans bagarre et secouait de sa brutale fanfare les échos des fortifs.
Le long des façades noires du boulevard Sérurier, sur les pavés disjoints, il disparut, le dos plié, tête basse
